Faux !
Impact sur la biodiversité
- Aucun pesticide chimique de synthèse ;
- Une densité de bétail plus faible : en Wallonie, les cheptels moyens sont moindres dans les fermes bio que la moyenne wallonne (22) ;
- Un assolement diversifié avec une part élevée de prairies (19) ;
- Une proportion plus élevée de haies, de prairies riches en espèces, de bandes fleuries, de mares et de vergers hautes-tiges (23);
- Davantage de cultures associées et de mélanges variétaux (24);
- L’utilisation de semences hétérogènes, caractérisées par une grande diversité génétique et phénotypique (autorisée en bio depuis 2018) ;
- Une structure d’exploitation diversifiée (25);
- des rotations longues et diversifiées offrant des abris et des ressources alimentaires plus variées et continues a la faune sauvage.
Augmentation des espèces en diversité et en nombre
En Allemagne, on observe une disparition de 75% en biomasse des insectes, liée a l’utilisation intensive des pesticides. 47 pesticides différents ont été retrouvés dans les tissus des insectes prélevés dans les réserves naturelles, témoignant de l’omniprésence des pesticides (26) (27).
En Europe, plus de la moitié des rivières et lacs montrent des niveaux de pesticides qui peuvent impacter négativement les communautés des eaux douces (poissons, invertébrés, etc.) (28).
Une étude attribuée a Bengtsson (29) avance une augmentation de 30 % du nombre d’espèces animales et végétales, ainsi qu’une croissance de 50 % du nombre d’individus naturellement présents en agriculture biologique, par rapport a l’agriculture conventionnelle
Une richesse d’oiseaux plus importante
Les oiseaux constituent de très bons indicateurs de l’état de la biodiversité en raison de leur sensibilité et de leur temps de réaction rapide face aux changements environnementaux (30). Le SPW rapporte une dégradation continue des effectifs des espèces d’oiseaux communément associées aux milieux agricoles en Wallonie depuis 1990 (30).
Ces espèces ont perdu 60 % de leurs effectifs au rythme moyen de 3 % par an entre 1990 et 2020. Les raisons de ce recul sont diverses : toxicité des intrants – engrais et pesticides principalement – destruction des milieux semi-naturels, moindres disponibilités alimentaires dans les champs (31).
De nombreuses études attestent une vitalité plus prononcée chez les oiseaux ainsi qu’une richesse plus élevée au sein des fermes bio par rapport à leurs homologues conventionnelles, tant en termes d’espèces que d’individus (32),(33), (34), (35), (36), (37), (38), (39), (40).
Différents facteurs expliquent cette différence. Par exemple, les fermes biologiques, n’utilisant pas de pesticides ou d’engrais synthétiques, abritent une abondance d’insectes plus élevée (dont les oiseaux se nourrissent) que les fermes conventionnelles (41). De plus, les pesticides peuvent altérer le régime alimentaire des oiseaux insectivores.
Davantage de pollinisateurs
Sur 250 végétaux cultivés en Europe, 150 d’entre eux seraient dépendants des insectes pollinisateurs. Le taux de mortalité de ces abeilles est passé de 16,4% en moyenne en 2004-2005 à 24% en 2021-2022 (42) (43).
La mortalité chez les abeilles domestiques en Belgique est l’une des plus élevées d’Europe, sans compter la disparition silencieuse et encore moins visible des abeilles sauvages et solitaires (44).
En réponse a ce déclin inquiétant, l’AFSCA a elle-meme initié en 2016 un programme de surveillance de la mortalité des abeilles domestiques. Des études estiment que cette mortalité est liée a l’usage des pesticides chimiques (et en particulier ceux de la famille des néonicotinoides qui représentent 25% du marché). D’autres facteurs peuvent jouer tels que les ressources alimentaires peu variées.
Une étude (37) indique que l’agriculture biologique augmente de 50% le nombre d’espèces de pollinisateurs par rapport à l’agriculture conventionnelle.
Une autre étude a démontré que le nombre d’abeilles est 7 fois plus élevé dans les champs bio que dans les champs conventionnels (45).
Une étude parue dans la revue Journal of Applied Ecology (46) vient confirmer les observations précédentes. Des chercheur·euse·s du CNRS, de l’Inra et de l’université de La Rochelle ont analysé dans une étude portée par leurs soins les données de six années de suivi d’abeilles domestiques. Les 180 ruches étudiées se trouvaient dans une zone du centreouest de la France, représentant une surface de 435 km, pres de Niort. En période de disette, les abeilles, jeunes et adultes, étaient plus nombreuses à proximité des champs bio, et produisaient donc plus de miel. Plus précisément, les scientifiques ont trouvé jusqu’à 53 % de miel en plus dans les colonies d’abeilles entourées de parcelles bio. Il y avait aussi jusqu’a 20 % d’abeilles adultes en plus par rapport aux zones en agriculture conventionnelle, ainsi que jusqu’a 37 % de couvain (oeufs et larves) supplémentaire.
Un taux de matière organique plus élevé dans le sol
L’interdiction des pesticides et engrais synthétiques en bio implique une gestion différente de la fertilité et de la lutte contre les adventices (mauvaises herbes) et les ravageurs de cultures qui se traduit par des successions culturales et des itinéraires techniques adaptés ainsi qu’une fertilisation organique.
Il ressort d’une étude (47) menée par Godden B. et analysée par Hardy B. (2019) que les teneurs en carbone total des sols des parcelles en bio sont dans 60% des cas supérieures à la moyenne des parcelles conventionnelles. La fertilisation exclusivement organique en agriculture biologique explique le taux moyen plus élevé en carbone organique dans le sol par rapport aux exploitations conventionnelles.
Une teneur en carbone organique élevée dans le sol impacte positivement les propriétés physiques (structure, porosité, résistance au tassement et a l’érosion), chimiques (réserve de nutriments) et biologique (biodiversité) du sol (48).
Cette teneur élevée en carbone organique dans le sol est également liée a la nature des activités agricoles au sein de l’exploitation, en bio comme en conventionnel.
En effet, les fermes a dominance herbagère et en polyculture-élevage auront un taux de carbone plus élevé qu’une exploitation exclusivement en grande culture. Cette disparité s’explique par un accès privilégié aux engrais provenant de l’exploitation elle-même et par la présence de prairies temporaires, des facteurs qui contribuent a accroître le taux de matière organique dans le sol. En Wallonie, les exploitations de type polyculture-élevage sont plus fréquentes en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle (24)
Une activité biologique des sols favorisée
D‘autres études avancent les bienfaits de l’agriculture biologique sur l’activité biologique des sols.
Selon une méta-analyse de 56 études, la biomasse microbienne, essentielle a la bonne qualité du sol, serait supérieure de 41 a 59% en agriculture biologique (49).
Une étude réalisée en Wallonie en 2020 a démontré que l’agriculture biologique favorise la mycorhization. 90% des parcelles les plus mycorhizées sont en agriculture biologique.
Les fermes en polyculture-élevage sont celles qui possèdent le taux de mycorhization le plus élevé. Ces champignons offrent certains services a la plante-hôte tels qu’une amélioration de la nutrition hydrique et minérale et une meilleure résistance a certaines maladies (50).
La densité des vers de terre est positivement correlée a diverses techniques adoptées en agriculture biologique, notamment l’application de paillis et l’utilisation d’amendements organiques. Parallèlement, certaines espèces de vers de terre montrent une sensibilité a la présence de produits phytosanitaires (51) (52).
Davantage de prairies permanentes
En Wallonie, les prairies permanentes représentent 64% des surfaces sous contrôle bio contre 40% des surfaces agricoles conventionnelles en 2022 (24)(53). Les bénéfices environnementaux des prairies permanentes sont multiples.
Ils incluent la limitation de l’érosion, la réduction des risques d’inondations et l’infiltration de l’eau vers les nappes ainsi que la préservation de la biodiversité floristique, faunistique et microbienne.
De plus, les prairies contribuent a la réduction des émissions de gaz a effet de serre dans l’élevage en capturant du carbone, avec une séquestration comparable a celle d’une forêt (54).
Impact sur la qualité de l’eau
Trois activités humaines principales altèrent les eaux, a savoir les pollutions collectives (eaux usées), industrielles et celles liées aux activités agricoles. Les deux premières ne font pas l’objet de nos recherches.
Selon les données du Service Public de Wallonie (SPW) et de la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE), l’agriculture constitue actuellement la principale source d’altération des masses d’eau souterraine, principalement en raison des nitrates et des pesticides.
Cette forme de pollution entraîne des externalités négatives telles que la fermeture de captages, l’installation de systèmes de filtration au charbon actif ou par osmose inverse a des couts élevés, ainsi que la mise en place de barrières réglementaires nécessitant des ressources importantes, comme des zones de protection et des formations a la gestion de l’azote.
Malgré les mesures en place, les concentrations en pesticides dans les eaux souterraines, restent préoccupantes et entraînent des conséquences sur la santé publique actuelle et future. En effet, 1 masse d’eau souterraine wallonne sur 5 est déclarée en mauvais état chimique à cause des pesticides et des nitrates. Précisons également que sur les 169 matières actives (composant principal d’un pesticide) autorisées et utilisées en Wallonie en agriculture, toutes ne sont pas recherchées et analysées dans les eaux souterraines (55)12
La meilleure stratégie pour améliorer la qualité de l’eau consiste a passer a l’agriculture biologique, car elle garantit l’absence d’utilisation de pesticides de synthèse, réduisant ainsi la pollution pratiquement a zéro.
En ce qui concerne les nitrates, de nombreuses études européennes montrent une réduction de 20 a 40% du taux de
nitrates dans les nappes d’eau souterraine grâce a l’agriculture biologique (31) (56) .Le passage a l’agriculture biologique également d’éviter des couts liés au traitement de l’eau, estimés entre 3 et 22 €/ha pour les pesticides, et entre 8 et 24 €/ha pour les nitrates (31). A l’échelle de la Wallonie, qui compte environ 740 000 hectares de superficie agricole, cela représenterait un cout évité estimé entre 8 et 34 millions d’€.
Source texte et illustrations: Biowallonie