1

You are currently viewing Manger bio coûte cher ?

La nourriture bio coûte généralement plus cher car produire en bio coûte plus cher également

Les économies sur les engrais chimiques et sur les pesticides de synthèse pour l’agriculteur•rice bio ne sont pas compensées par d’autres postes de dépenses, spécifiques au bio (19) (20) (18) (21):

  • Davantage de main-d’œuvre (à structure égale, une ferme bio génère en moyenne 30 % d’emplois en plus qu’une ferme conventionnelle) (72) (73) ;
  • Des fermes plus petites;
  • Des rendements moins élevés;
  • Des intrants (alimentation animale, semences, engrais organiques, produits phytosanitaires naturels) plus chers ;
  • Des animaux élevés plus longtemps (par exemple, un poulet bio vit deux fois plus longtemps qu’un poulet conventionnel : minimum 71 jours en bio contre 34 jours en conventionnel ;
  • Des surfaces dédiées au parcours extérieur pour l’ensemble des animaux élevés en bio.

Les transformateur•rice•s ont également des frais supplémentaires comme :

  • Des matières premières plus chères ;

Certains procédés ayant des rendements moindres comme l’extraction physique des huiles (versus chimique) (74).

A ces coûts s’additionnent ceux du contrôle et de la certification, qui sont à considérer pour chaque maillon de la chaîne (producteur•rice•s, transformateur•rice•s, stockeur•euse•s, grossistes, importateur•rice•s, points de vente).

Surmarges de la grande distribution

De plus, si les coûts de production sont plus élevés et justifiés en bio, le surcoût pour le•la consommateur•rice peut être exagéré par des pratiques de commercialisation « injustes ». En 2022 et 2023, Biowallonie a démontré que les grandes surfaces belges faisaient une marge plus importante sur certains produits bio en comparaison à leur équivalent conventionnel  (75) (76). Par exemple, sur les oeufs en octobre 2023, alors que le prix agricole en bio est supérieur de 28% au conventionnel, on constate que la marge de la grande distribution pour les oeufs bio est supérieure de 95% à celle des oeufs conventionnels. En 2022, le constat était pire avec une marge brute plus de 4 fois supérieure pour les oeufs bio par rapport aux oeufs conventionnels.

L’association française UFC-Que choisir avait déjà dénoncé cette pratique en 2017 et en 2019. Leur conclusion était que la grande distribution capte 41 % du surcoût du bio pour les 24 fruits et légumes étudiés (77). Le surcoût du bio payé par les consommateur•rice•s fréquentant la grande distribution est expliqué en partie par cette pratique.

Externalités négatives de l’agriculture conventionnelle

Le coût plus élevé des produits alimentaires biologiques s’explique également par le fait que les externalités négatives associées à l’agriculture conventionnelle, telles que les coûts de dépollution de l’eau, le coût des pathologies induites par les pesticides et une alimentation de moindre qualité, la pollution du sol et de l’air, ainsi que son impact sur la biodiversité, ne sont pas intégrées dans le prix payé par le•la consommateur•rice (31). Ces externalités négatives sont supportées par la société dans son ensemble. Rien que pour les pesticides, une étude très détaillée (78) estime qu’aux Etats-Unis, le coût des externalités liées aux pesticides est d’environ 1100 € par personne et par an.

Revoir ses habitudes alimentaires

Les dépenses moyennes pour l’alimentation en Wallonie sont d’environ 2.310 € par habitant•e et par an (79). Une étude a estimé que le budget alimentation du•de la consommateur•rice bio régulier•ère est supérieur de 26% à celui du•de la consommateur•rice conventionnel•le (80) (4). Le surcoût du passage au 100% bio serait donc de 600€ par wallon et par an, soit 50€ par mois, sans changement d’habitude alimentaire.

Le surcoût engendré par le passage à une alimentation 100% bio peut être absorbé en adoptant des habitudes alimentaires durables comme :

  • Végétaliser son alimentation : plus de fruits et légumes, plus de légumineuses ;
  • Diminuer les produits carnés en privilégiant systématiquement la qualité, comme les viandes bio ;
  • Acheter davantage de produits de saison ;
  • Consommer le produit en entier (épluchures, fanes, tiges sans pesticide et particulièrement riches en nutriments…) ;
  • Opter pour des circuits d’approvisionnement plus courts ;
  • Diminuer les produits ultra-transformés et les plats préparés ;
  • Eviter le gaspillage à l’échelle individuelle ;
  • Acheter en vrac permettant la juste quantité et la réduction des emballages.

Bien qu’il soit crucial que des aliments de qualité soient accessibles à tous, il est important de ne pas oublier que la course aux prix bas a conduit l’agriculture conventionnelle dans une impasse. Les producteur•rice•s ont du mal à subsister de leur métier, et les entreprises peinent à investir dans l’innovation ou l’amélioration de la qualité des produits (81) (82).

Source texte et illustrations: Biowallonie